La décision de cantonner les contrôleurs routiers à leur poste de contrôle fera perdre des dizaines de millions de dollars au gouvernement du Québec et à la société en général en 2025 et encore plus dans l’avenir si les constables ne sont pas renvoyés sur la route, prévient leur syndicat.
D’après le président de la Fraternité des constables en contrôle routier du Québec (FCCRQ), Jean-Claude Daignault, les pertes de revenus en matière de constats d’infraction remis à des transporteurs qui enfreignent le code de la route devraient grimper au bas mot à 15 M$ pour l’année 2025.
Le Tribunal administratif du travail a ordonné le 6 mars dernier la suspension des interventions non planifiées sur les routes effectuées par ces constables spéciaux, tant que des mesures pour mieux les protéger des risques liés aux armes à feu ne sont pas mises en place. Les contrôleurs routiers demandent d’être eux-mêmes munis d’une arme.
Entre mars et juin 2025, Contrôle routier Québec a ainsi effectué 20 500 interventions en moins sur les routes québécoises que l’année précédente, selon les données disponibles sur le site web de la Société de l’assurance automobile du Québec.
«On parle d’à peu près 2500 constats manquants à chaque mois, affirme M. Daignault. Considérant que la moyenne des contraventions est de 500$, on peut facilement estimer une baisse de 15 M$ seulement en tickets sur une base annuelle. C’est sans compter les factures qui vont devoir être payées par les citoyens dans les villes où les routes ont été endommagées par des véhicules en surcharge.»
Free-for-all
La FCCRQ a envoyé une lettre à l’intention de la ministre des Transports et de la Mobilité durable, Geneviève Guilbault, pour l’inciter à réagir devant le «free-for-all» observé dans le domaine du transport depuis que les patrouilleurs routiers ne peuvent plus mener d’interceptions sur route.
Jean-Claude Daignault et son organisation y font référence, entre autres, à l’industrie du taxi.
Comme rapporté dans un article du Journal, plusieurs s’en sont donné à cœur joie durant le Grand Prix de Montréal en juin dernier. Des chauffeurs n’avaient pas leur permis affiché derrière leur siège, alors qu’ils sont légalement obligés de le faire. D’autres imposaient un prix fixe, plutôt que de démarrer leur compteur.
Le FCCRQ a également mis la main sur une vidéo datée du 24 juillet où l’on voit un taxi de Gatineau amorcer une course avec huit passagers, dont certains sont dans le coffre.
«La surveillance des taxis, ça relève des contrôleurs. Et quand on n’est pas là, ça donne des histoires du genre. On parle d’une infraction de milliers de dollars, de 12 points d’inaptitude et d’une confiscation de véhicule et de permis.»
Bombe à retardement
Un autre incident troublant continue de faire craindre la catastrophe à Jean-Claude Daignault en ce qui a trait au transport de matières dangereuses dans le pont-tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine, à Montréal.
Quelques semaines avant l’incident du taxi, un citoyen a fait appel à la Sûreté du Québec après avoir vu un camionneur retirer l’affichage signifiant qu’il transporte des matières dangereuses, avant de se diriger vers le pont-tunnel.
Le véhicule a pu être intercepté à temps par les policiers, qui ont fait appel à un constable du contrôle routier pour l’inspection.
«On était postés à l’entrée du tunnel en tout temps et on attrapait chaque mois des dizaines et des dizaines de camions de matières dangereuses, parce que c’est un raccourci. Maintenant, ils ont le champ libre et je ne pense pas qu’ils sont moins nombreux. C’est une bombe à retardement.»
Interventions de Contrôle routier Québec par mois:
- Mars 2024: 10 451
- Mars 2025: 5562 (- 46,8%)
- Avril 2024: 9252
- Avril 2025: 4343 (- 53,1%)
- Mai 2024: 9448
- Mai 2025: 3716 (-60,7%)
- Juin 2024: 8357
- Juin 2025: 3405 (-59,29%)
Baisse moyenne de 54% par mois
*Source: données et statistiques mensuelles de la SAAQ
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