Pas fière de Fierté Montréal!

Quand j’ai appris «que les représentants de la communauté juive institutionnelle ont été réinvités à marcher dans le défilé de la Fierté», je me suis dit que c’était une évidence.

En effet, une communauté qui se veut «inclusive» ne peut pas exclure des membres qui ne pensent pas comme eux.

Mais c’est aussi un désaveu cinglant de Safia Nolin: ce n’est pas parce qu’une chanteuse refuse de participer à un événement de Fierté Montréal que le festival doit se fendre en quatre pour lui faire plaisir! Il y a quand même des limites à plier devant les caprices et les opinions militantes du moindre artiste qui est offensé!

La fierté du Moyen-Orient

Dès le départ, les organisateurs de Fierté Montréal n’auraient jamais dû exclure des gays et lesbiennes à cause de leur religion ou à cause de leur nationalité ou à cause des décisions prises par le premier ministre d’un pays qui est à 8778,98 km d’ici!

Je me demande si, au lieu de lire les déclarations sur les médias sociaux d’une chanteuse qui affirme tous les six mois qu’elle quitte les médias sociaux, les organisateurs de Fierté Montréal se sont un peu renseignés sur les juifs, sur la société israélienne et le traitement des 2SLGBTQIA+ dans ce petit pays du Proche-Orient.

Question quiz: dans quel pays du Moyen-Orient une Gay Pride (défilé de la fierté gay) a-t-elle eu lieu en juin de cette année? Non, ce n’est pas à Téhéran, à Damas, ou à Amman, en Jordanie. 

La Gay Pride s’est déroulée le vendredi 13 juin 2025 à Tel-Aviv, ville ultra débridée, qui compte des tonnes de bars gays, d’associations LGBT et qui organise une grande fête qui dure pendant deux jours, avec des drapeaux arc-en-ciel partout en ville… depuis 25 ans.

Savent-ils que même le mouvement conservateur ultra-orthodoxe a approuvé l’ordination de rabbins homosexuels? (On attend toujours de savoir dans quel pays musulman on trouve des imams homosexuels.)

Savent-ils qu’en 1998, c’est une femme trans, Dana International, qui représentait Israël à l’Eurovision?

Savent-ils que Tel-Aviv a déjà été élue la ville la plus gay-friendly au monde et que le tourisme gay est florissant en Israël, promu par le ministère du Tourisme?

Savent-ils qu’en 1998, Michal Eden est devenue la première élue ouvertement lesbienne en Israël? Et qu’en 2002, Uzi Even est devenu le premier homme politique ouvertement homosexuel à siéger à la Knesset, le Parlement israélien.

(On cherche encore les députés ouvertement homosexuels dans les pays musulmans voisins d’Israël.)

Mais pourquoi se fier à ce que je dis, moi? Ils peuvent lire le journal Le Monde:

«En plus de la reconnaissance des mariages homosexuels contractés en dehors du pays et de la légalisation des adoptions par des couples de même sexe, il existe de nombreux autres exemples de lois destinées à faire avancer les droits des homosexuels, comme l’adoption d’une politique antidiscriminatoire au sein de l’armée israélienne dès 1993.»

Quelle boussole morale?

Je me réjouis de la décision de Fierté Montréal, mais je ne les félicite pas pour autant. Le mal est fait. Les organisations juives vont se sentir aussi bienvenues au défilé qu’un éléphant dans un magasin de porcelaine. Quel gâchis! L’arc-en-ciel a un œil au beurre noir.