L’Université Laval met en garde son personnel, ses chercheurs et ses étudiants: ils devront redoubler de vigilance à la frontière s’ils prévoient un voyage aux États-Unis dans le cadre de leur travail ou d’un stage.
L’établissement d’enseignement a diffusé ses recommandations mercredi dans une communication officielle signée par la vice-rectrice aux études et aux affaires étudiantes, responsable de la santé, Cathia Bergeron, et le vice-recteur aux affaires internationales et au développement durable, responsable de l’EDI et de la philanthropie, François Gélineau.
L’université suggère à toute personne de son écosystème qui doit se rendre au sud de la frontière d’utiliser, «si possible, un appareil destiné au voyage» et d’éviter «de transporter, même à titre personnel, des documents, fichiers ou captures d’écran liés à des débats publics sensibles», selon ce courriel, dont Le Journal a obtenu copie.
«Malheureusement, on en est rendu là: on nous conseille d’utiliser un burner phone [téléphone cellulaire jetable]! C’est justifié de prévenir tout le monde des risques liés aux attaques répétées de l’administration de Donald Trump sur les institutions et la liberté académique», déplore le professeur en droits et libertés de la personne et ex-président du Syndicat des professeurs de l’Université Laval Louis-Philippe Lampron.
Il souligne que l’Association canadienne des professeurs et professeures d’université a même conseillé à ses membres d’éviter de se rendre aux États-Unis sauf pour des motifs «essentiels».
(Nombreux) sujets sensibles
La direction de l’Université Laval rappelle à tous ceux qui sont concernés que «des orientations politiques ont restreint ou encadré l’enseignement et la diffusion de [certains] contenus».
Les recherches sur l’intelligence artificielle, la cybersécurité, les biotechnologies, la santé publique et les enjeux climatiques ainsi que les questions touchant à la justice sociale, aux identités de genre ou à la santé reproductive font toutes partie du large éventail d’enjeux devenus sensibles dans les derniers mois chez nos voisins du Sud.
Inspection sans mandat
Lors d’une conférence de presse portant sur la volonté d’attirer des chercheurs internationaux à Québec mercredi, la rectrice de l’Université Laval, Sophie D’Amours, a expliqué ce qui a motivé l’envoi de cette mise en garde.
«[Les agents de douane américains] ont le droit de saisir un appareil et d’investiguer alors il faut se préparer pour éviter de se trouver dans une situation où ça pourrait se produire», soutient-elle, ajoutant que beaucoup d’activités scientifiques prévues au pays de l’Oncle Sam seront plutôt effectuées à distance dans les prochains mois.
Mme D’Amours affirme que le «traitement» des données personnelles, que ce soit de passer en revue ses discussions par messagerie ou de tout bonnement supprimer des images ou des propos tenus sur les réseaux sociaux, est essentiel pour s’assurer d’entrer dans le pays voisin.
«Ce qu’on voit aux États-Unis, c’est une tentative de coup d’État en bonne et due forme, conclut Louis-Philippe Lampron. On n’est pas encore en Corée du Nord, mais on s’approche dangereusement d’un régime autoritaire.»
Extraits des recommandations de l’Université Laval pour les voyages aux États-Unis:
- «Désactivez ou retirez les applications non essentielles de vos appareils avant le passage à la frontière.»
- «Passez en revue les contenus accessibles publiquement sur vos profils et retirez, au besoin, les éléments pouvant être mal interprétés.»
- «Préparez un résumé factuel et sobre de vos projets (titre, objectifs, cadre institutionnel, partenaires), que vous pourrez présenter en cas de questionnement sur leur nature ou leur encadrement.»
- «Activez le chiffrement des disques, appliquez des mots de passe robustes et mettez à jour vos systèmes.»
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